La sécheresse oculaire

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Le syndrome de l’œil sec est une pathologie relativement fréquente puisqu’elle concerne au moins 350 millions de personnes à travers le monde. C’est une pathologie qui a été définie par la TFOS DEWS II (Tear Film and Ocular Surface Society Dry Eye Workshop II) en 2017 en dernière date comme suit : « La sécheresse oculaire est une maladie multifactorielle de la surface oculaire caractérisée par une perte d’homéostasie du film lacrymal et accompagnée de symptômes oculaires, dans lesquels l’instabilité et l’hyperosmolarité du film lacrymal, l’inflammation et les dommages de la surface oculaire et les anomalies neurosensorielles jouent un rôle étiologique. »

Il s’agit d’une maladie multifactorielle avec des facteurs de risques variés :

  • Sexe (les femmes sont davantage touchées) ;

  • Âge : le risque de développer de la sécheresse oculaire s’accroît avec l’âge ; 

  • Un déficit en androgènes ;

  • Certains médicaments (antidépresseurs tricycliques, isotrétinoïne, antihistaminiques, neuroleptiques, pilule contraceptive, etc) ;

  • Le port du masque ;

  • L’utilisation prolongée d’écrans ;

  • L’utilisation prolongée de lentilles de contact ;

  • La pollution, les environnements ventilés (climatisation, chauffage), le tabac ;

  • La chirurgie réfractive ;

  • Certaines maladies auto-immunes (SGS, PR, etc).

« La sécheresse oculaire […] est caractérisée par une perte de l’homéostasie du film lacrymal. »

Mais qu’est-ce-que le film lacrymal ?

Le film lacrymal constitue la barrière protectrice de la cornée en luttant notamment contre le dessèchement, les infections et l’opacification. Le film lacrymal peut se décomposer en 3 parties :

  • La couche muqueuse qui représente la partie la plus interne, au contact direct de la cornée, elle constitue la base du film lacrymal ;

  • La couche aqueuse produite par les glandes lacrymales des paupières. Elle est riche en enzymes, protéines, anticorps, oxygène et nutriments et assure la défense de l’œil contre les infections ;

  • La couche lipidique constituée de phospholipides sécrétés par les glandes de Meibomius a pour rôle principal de limiter l’évaporation des larmes en stabilisant la couche aqueuse.

Selon la TFOS DEWS II, le syndrome de l’œil sec peut être classé en 2 grandes catégories étiologiques : syndrome évaporatif (le plus courant) et syndrome déficient.

Par déficience aqueuse (15% des cas)Par excès d’évaporation (50% des cas)

Yeux secs liés au syndrome de Sjogrën

 

Yeux secs non liés au syndrome de Sjogrën : Déficience lacrymale ;
Blocage réflexe ;
Médicaments systémiques (antihistaminiques, antidépresseurs, etc) Obstruction des canaux des glandes lacrymales.

Intrinsèque :
Dysfonctionnement des Glandes de Meibomius (causé notamment par blépharite, rosacée, dermite séborrhéique, etc) ;
Fréquence des clignements trop faible et/ou clignements partiels ;
Anomalie de la fente palpébrale ;
Prise d’isotrétinoïne.

Extrinsèque :
Carence en vitamine A ;
Conservateurs dans les collyres (attention aux ammoniums quaternaires comme le chlorure de benzalkonium, très irritants!) ;
Port de lentilles de contact ;
Maladies de la surface oculaire.

Les 2 mécanismes peuvent également se combiner (35% des cas). On aboutit ainsi à un déséquilibre entre l’apport (déficience de sécrétion) et la perte des larmes (excès d’évaporation par instabilité) responsable de l’inflammation oculaire et des symptômes qui en découlent, à savoir :

  • Picotements, démangeaisons, sensations de brûlure, de sable ou de corps étranger dans les yeux, yeux rouges ;

  • Paupières enflammées ;

  • Photophobie (difficulté à supporter la lumière), sensibilité au vent et à la fumée de tabac ;

  • Vision trouble ;

  • Sensation de paupières collées, notamment le matin ;

  • Douleurs (d’origine inflammatoire ou neuropathique).

L’histoire naturelle du syndrome de l’œil sec est, à ce jour, encore en étude. L’évolution est donc difficilement prévisible. On note tout de même une tendance à la chronicité avec un risque de complications non négligeables, notamment au niveau de la cornée (lésions épithéliales et/ou nerveuses) tels que la kératite, la kérato-conjonctivite sèche ou encore la neuropathie cornéenne. Il est donc indispensable de veiller à ce que nos yeux soient toujours bien lubrifiés (pommades, collyres, lunettes à chambre humide, etc) afin de limiter au maximum la sécheresse des yeux. En effet, un milieu sec constitue un environnement délétère pour nos cellules et entraîne une souffrance des cellules épithéliales de la cornée avec un taux d’apoptose (mort des cellules) exacerbé.

Si d’autres symptômes oculaires apparaissent (flou, mouches volantes…), n’hésitez pas à consulter votre ophtalmologiste. Certaines maladies rares peuvent en effet être accompagnées d’inflammation oculaire qu’il faut alors traiter sans délai. Vous trouverez des informations complémentaires sur les maladies inflammatoires de l’oeil sur le site de l’association Inflam’Oeil : http://www.inflamoeil.org