L’IPL ou lumière pulsée intense est une nouvelle modalité de traitement instrumental pour la dysfonction des glandes de meibomius. Cette modalité de traitement a été initialement développée pour une utilisation en dermatologie et a ensuite été adoptée en ophtalmologie pour le traitement de la dysnfonction meibomienne. La thérapie IPL peut améliorer la stabilité du film lacrymal, la fonctionnalité des glandes de meibomius, ainsi que la sensation subjective de sécheresse oculaire.
En 2002, Rolando Toyos a présenté un rapport de cas d’un patient traité par IPL pour la rosacée faciale. Les effets bénéfiques de l’impulsion énergétique ne se limitaient pas à une diminution de l’érythème (rougeurs) facial avec sécheresse oculaire, mais s’accompagnaient également d’une amélioration des signes cliniques et des symptômes du dysfonctionnement meibomien. Sa collaboration avec DermaMed Solutions a conduit au développement d’un système IPL qui a ouvert de nouvelles voies pour la prise en charge des patients atteints de sécheresse oculaire. En 2021, la marque Lumenis a reçu l’approbation de la FDA (administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) pour son appareil IPL OptiLight.
Bien que les mécanismes exacts sous-jacents à ses effets bénéfiques soient complexes et encore mal compris, il a été suggéré qu’il réduit les télangiectasies, éradique les acariens demodex, entraîne un ramollissement thermique et une liquéfaction du meibum, module la sécrétion de molécules pro et anti-inflammatoires, et supprime les métalloprotéinases matricielles. Différentes théories ont tenté d’expliquer les effets positifs de l’IPL. Une théorie postule que l’IPL liquéfie le meibum, conduisant à une meilleure sécrétion, améliorant ainsi la fonctionnalité des glandes de meibomius et le TBUT (temps de rupture du film lacrymal). La grande majorité des études incluses ont rapporté une amélioration de la fonctionnalité des glandes de meibomius et du TBUT. Il a également été suggéré que l’IPL peut induire la coagulation des vaisseaux sanguins superficiels et réduire les cytokines inflammatoires.
Dans la littérature examinée, il y avait une grande variabilité dans la sélection des patients, les critères d’évaluation et les protocoles et durées de traitement. De nombreuses études rapportent que l’IPL est efficace pour traiter la dysfonction des glandes de meibomius et reste une procédure sûre. Cependant, il existe un grand potentiel d’améliorations supplémentaires de la procédure, car de grandes études comparatives utilisant différentes modalités de traitement font défaut.
Une des questions qui revient souvent est de savoir si l’IPL doit être utilisée en tant que traitement instrumental autonome ou concomitant avec l’expression manuelle des glandes de meibomius. La réponse n’étant pas vraiment évidente encore aujourd’hui avec la littérature que nous disposons.
Par ailleurs, avant de recevoir un traitement IPL, la zone à traiter doit être débarrassée de tout produit de maquillage/soin du visage. Les yeux doivent être recouverts de protections oculaires pour éviter les lésions intra oculaires. Il n’y a pas de consensus ni sur le nombre de séances de traitement IPL ni sur l’intervalle entre les séances. D’autres études sont justifiées pour révéler les paramètres optimaux.
Bien que la thérapie IPL soit considérée à la fois efficace et sûre, l’application de cette modalité de traitement est limitée à certains groupes de patients. Les sujets avec un avec une classification Fitzpatrick > IV (phototype de la peau) ne peuvent pas recevoir de traitement IPL car ils présentent un risque plus élevé de lésions cutanées. De plus, la thérapie IPL est principalement appliquée aux paupières inférieures, évitant la pénétration de la lumière à large spectre dans les tissus intraoculaires qui peuvent être potentiellement dommageables. Néanmoins, des effets positifs sur les glandes de meibomius de la paupière supérieure ont été démontrés même si le traitement était limité aux paupières inférieures. Enfin, la question du coût peut être un facteur limitant pour certains patients.
