Conférence SFO 2024 : douleurs et sécheresses oculaires

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Lors du dernier congrès de la SFO, Annabel du Petit Journal du Lyell et SJS a pu assister à une conférence donnée par le Pr. Baudouin et les Drs. Rousseau et Liang-Bouttaz sur la sécheresse et la douleur oculaires. 

Vous trouverez ci-après la retranscription de cette conférence réalisée par Annabel qui nous a permis de la publier sur notre site.

I- Les enjeux de la prise en charge de la sécheresse oculaire par le Professeur C. Baudouin

Constat :

– La sécheresse oculaire (SO) concerne 20% de la population mondiale ;

– Elle peut entrainer une véritable invalidité ;

– Etude sur la qualité de vie menée par le Pr. Baudouin démontre que :

   – 80% des patients interrogés se sentent rejetés par leur entourage ;

   – 50% se sentent rejeter par leur médecin ;

   – 18% pensent que la vie ne mérite plus d’être vécue.

Mécanismes :

A. Les cercles vicieux : On observe un concept circulaire avec plusieurs cercles vicieux (inflammation – sécheresse oculaire).

    • Une mauvaise qualité des larmes entraine une cascade biologique qui (par le biais de l’interaction avec les nerfs cornéens et les nerfs oculaires, et le système immunitaire) aboutit à une aggravation de la sécheresse.

      Moins il y a de larmes, plus c’est inflammatoire et plus c’est inflammatoire, moins il y a de larmes. Ce qui devient un véritable cercle vicieux.

    •  Un second cercle vicieux est celui des dysfonctionnements mébomiens au niveau des paupières qui s’auto-entretient.

      Une fois que l’on est dans le cercle vicieux, il est difficile d’en sortir facilement.

B. Rôle des nerfs cornéens: Les nerfs cornéens vont jouer un rôle très important. Quand les nerfs sont stimulés, ils vont répondre par de la douleur et de l’inflammation et si elle devient chronique, cela alimente le processus (Il y a 200 fois plus de terminaisons nerveuses dans la cornée que dans la pulpe dentaire).

C. L’impact psychologique: Il y a évidemment un impact psychologique : plus on a mal de manière chronique et plus on se sent mal, et plus on glisse vers la dépression. Plus on est déprimé et plus on ressent mal les douleurs, c’est un autre type de cercle vicieux.

L’impact psychologique, la diminution du confort visuel et des performances visuelles (écrans d’ordinateur, photophobie, phares de voiture …) peuvent conduire à une invalidité.

Attention aux éléments toxiques qui accentuent  la sécheresse : la lumière bleue,  l’attention prolongée portée sur les smartphones, la pollution, les polluants de l’intérieur, les conservateurs dans les collyres…

II – Prise en charge et traitement par le Professeur A. Rousseau

La prise en charge de la SO est globale car elle impacte différentes dimensions de la vie des patients : la qualité de vie, les conséquences psychologiques, le travail, les reclassements, les loisirs et une grande incompréhension de la part des proches.

En conséquence, il ne pas se focaliser sur les yeux uniquement.

Evaluation de la sécheresse oculaire :

Pour les symptômes : utilisation de questionnaires et échelles pour évaluer le retentissement de la SO sur la vie des patients et évaluer l’efficacité des traitements. A refaire à chaque consultation ;

– Echelle visuelle analogique de 0 à 10 ;

– Questionnaire plus sophistiqué —> OSDI

(score 18 : symptômes significatifs : 33 sévères 100 enfer vécu par le patient)

Pour les signes cliniques : classification d’Oxford.

Une sécheresse sévère oculaire, c’est soit des symptômes, soit des signes cliniques, soit les les deux. Ne surtout pas dire que le patient exagère lorsqu’il y a des symptômes sans signe car il peut y avoir un problème de sensibilité des nerfs de la cornée. De la même façon, il peut y avoir des patients qui ont les nerfs très abimés et qui ne vont plus ressentir les dommages sur leur cornée. Ils ne se plaignent de rien mais ceux là aussi sont graves.

Traitements de la SO :

– Ecouter, comprendre et rassurer le patient ;

– Action sur la stabilité du film lacrymal : substituts lacrymaux (on joue sur la viscosité et la rémanence). C’est le patient qui choisit en fonction de son confort, bouchon lacrymaux (méatiques).

– Action sur l’ inflammation : collyre au corticoïde (attention aux effets secondaires), collyre immunosuppresseur (cyclosporine, tacrolymus).

– Action sur la  dysfonction mébomienne des paupières : soins de paupières, Lipiflow,  thérapie par lumière pulsée, pince, antibiotique (collyre à l’azithromycine / doxycycline per os), un bon clignement des paupières.

Dans les cas les plus sévères : collyre au sérum autologue.et verres scléraux.

Autres : lunettes à chambre humide et écran d’ordinateur en position basse.

III- La douleur oculaire : causes et explorations par le Docteur H. Liang-Bouttaz

La douleur c’est une sensation désagréable, émotionnelle avec une atteinte tissulaire réelle. La cornée est la partie du corps humain la plus innervée.

La douleur oculaire est difficile à traiter et à soulager. Sa complexité requiert une prise en charge multidisciplinaire.

Quand la douleur dure plus de 3 à 6 mois, on parle de douleur chronique.

La consultation douleur chronique à l’hôpital des 15-20 a été créée en 2019 avec une prise en charge pluri-disciplinaire avec 9 spécialités impliquées. En plus des traitements classiques, cette consultation propose également de l’hypnose, de la psychothérapie, voire de la stimulation trans-crânienne dans les cas extrêmes.

Cette unité de l’hôpital des 15-20 travaille en partenariat avec l’Institut de la Vision et le CECOM.